Ile de Saint-Honorat
La commende de Lérins
La commende était la garde d'un bénéfice régulier accordé à un ecclésiastique séculier, ou même à un laïque, avec dispense de régularité et de résidence. L'abbé commendataire, généralement un prélat bien en Cour, jouissait d'une bonne part des revenus du monastère (mense abbatiale) et les moines devaient se contenter de la mense conventuelle. Henri IV avait supprimé la commende de Lérins et on avait assisté, depuis, à un incontestable renouveau du monastère. Quand les Espagnols s'emparèrent des îles en 1635, les moines furent accusés de complicité avec l'ennemi. Il apparut qu'il était dangereux de laisser Lérins dépendre d'une congrégation étrangère, le Mont Cassin, car ces religieux pouvaient avoir une liaison et communication perpétuelle avec les dits étrangers, être divertis des sentiments que les vrais et naturels sujets doivent avoir pour leur prince. L'abbaye fut alors incorporée, jusqu'en 1645, à la congrégation française de Saint-Maur. La commende, rétablie au profit du cardinal de la Valette en 1638, devait subsister, en dépit des protestations des religieux, jusqu'en 1788, date de la suppression du monastère. La seigneurerie de Cannes était comprise dans la mense abbatiale. Les abbés commendataires furent, pendant une centaine d'années, de très grands personnages : La Valette Conti Mazarin Louis de Vendôme Philippe de Vendôme qui ne mirent jamais les pieds dans leurs possessions. C'est par l'intermédiaire d'un procureur qui, souvent ne résidait pas lui-même sur place, qu'ils prenaient officiellement possession des biens dépendant de la commende, qu'ils affermaient leurs revenus, qu'ils nommaient aux offices de justice, qu'ils présentaient leurs candidats aux cures... (ce fut le cas de Guillaume d'Amphoux, lieutenant particulier en l'Amirauté de Fréjus, qui fut procureur de Conti pour les affaires de Lérins) Les revenus de l'abbaye étaient affermés tous les six ans. Le fermier, ou rentier, qui était un important personnage local, s'engageait à payer l'abbé une rente déterminée à laquelle s'ajoutaient diverses charges (traitement des prêtres, frais d'ornement des églises...), moyennant quoi il percevait les droits seigneuriaux (tasques, leyde, cens, passages, fournage, mouture...), les dîmes, les droits de justice et les revenus divers. Il recevait un logement honorable au château et utilisait les caves, écuries et greniers.
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Vente de la Principauté de Sabourg - Achat de la seigneurie de Rougon
La vente de la Principauté de Sabourg semblait préoccuper le monastère de Lérins depuis un certain temps. Les attaques répétées du pouvoir royal contre le privilège de l'abbaye d'y battre monnaie n'y étaient pas étrangères. Un projet, datant de 1679, prévoyant la vente de la Principauté et de la juridiction à la République de Gênes n'aboutit pas. Le 31 janvier 1697, une promesse de vente au duc de Savoie, Victor-Amédée, de ladite terre et juridiction fut, à nouveau, rédigée : pour la somme de 20 000 écus effectifs de Savoie, avec obligation pour ledit duc de rapporter à ses frais la permission du Saint-Siège et tous consentements requis et nécessaires et d'être obligé de pacte exprès par ledit contrat de payer annuellement au monastère les intérêts de ladite somme de 20 000 écus à raison de cinq pour cent. L'affaire traînant en longueur, un comparant fut adressé au duc de Savoie, qui n'avait pas satisfait à la teneur du susdit contrat, lui demandant ou de l'exécuter ou de le rompre, attendu qu'il se présente des personnes qui s'offrent de prendre la seule souveraine juridiction temporelle dudit Sabourg, avec des avantages considérables pour le monastère, en actes emphitéose pour trois générations. Le 27 novembre 1728, un nouvel acte, en faveur du duc de Savoie, débouche, enfin, sur la vente effective de cette possession de Lérins, excentrée et située en terre étrangère. La somme de 142 000 livres de Savoie versée chez les frères Salicoffre, banquiers à Marseille, sera retirée, en 1729, par dom Benoît, économe du monastère, après délibération capitulaire. L'utilisation des fonds disponibles reçut les approbations successives de l'évêque de Grasse, puis de l'archevêque d'Embrun. Le montant, de la vente de Sabourg, permit à l'abbaye de Lérins de : - se libérer de quelques dettes contractées envers certains particuliers de la ville de Sabourg - se libérer de quelques dettes contractées envers la République de Gênes. - d'acquérir des domaines à Vallauris - d'acquérir la seigneurie de Rougon, près de Castellane Jean de Tardivy, vendeur de cette dernière terre la décrit ainsi : Elle est auprès de Castellane, à trois lieux de Ries ; elle touche du levant la terre de Trigance, du midi la terre de la Pallud et confronte du couchant la terre de Chastuil. Il y a un village où il y a environ cent cinquante âmes de communion. J'y suis seigneur in toto, et cette terre est affermée actuellement à quatorze cent livres. S'il y avait des capitaux, on la porterait à six cent écus, mais il n'y a pour tout capital que 13 quintaux fourrages, voilà tout. Sil elle vous convenait, vous pourriez me le faire savoir. C'est une terre que ma grand mère eut de la succession de M. de Caille, protestant, suivant la déclaration du Roy, qui voulait que les proches parents des religionnaires succédassent à leurs biens, et, comme ma grand mère était la plus proche parente, elle y succéda...
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